Au revoir Paris, bonjour Cuba!

Au revoir Paris...

Au revoir Kamil que j'ai gardé 5 soir par semaine pendant 10 mois et qui, hier soir, alors qu'il était couché depuis trois quarts d'heure, s'est relevé lorsqu'il m'a entendu dire au revoir à Joséphine dans la cour pour me faire un coeur avec ses doigts derrière le rideau...

Au revoir Joséphine la gardienne de l'immeuble de Kamil, mi Autrichienne mi Serbe, qui me donnait la patate chaque fois que je la croisais et qu'elle me disait avec son petit accent : "Aaaah ma chélie, tu es la plus belle, t'es TLO belle j'te jule"! Au revoir à Joséphine qui me faisait ces petits plats Serbes dont je raffole tant. Au revoir à celle qui m'a un jour dit, sur le pas de la porte de sa loge : "Dis ma chélie, faudlait que tu m'épiles les soulcils là pass'que je commence à lessembler à Blejnev!"

Au revoir Mourad, le mec du café du coin en bas de chez Kamil, chez qui j'ai du prendre à peine une dizaine de café dans l'année mais qui chaque fois que je passais me gratifiais d'un sourire réconfortant et désintéressé. (Café de la Poste, 124 rue de Turenne ;)

Au revoir Paris, mes cours de danse, mes amis, le canal saint-Martin, les gens qui s'énervent dans le métro, les pochoirs et les Space Invador sur les murs, les ateliers d'archi ou de peintres (ça sonne tellement bobo là...), les Noctiliens, les croissants aux amandes et les Kinders Bueno...

Et puis au revoir ma Normandie, ses poutres, ses vaches son vent frais et son claquos!

Puis...

Bonjour Cuba, la Havane, Marta, ses parents et son fils Maiko (la famille d'Ahmed mon "cousin" Cubain de Séville) : ces gens qui vont m'ouvrir leur porte et leur coeur (oui, il est tard et l'imminence du départ me rend très... "dramatique")

Je réalise un nouveau rêve : je suis heureuse!

Voici une petite chanson de circonstance pour conclure ces adieux qui ne sont qu'un (nouvel) au revoir...

Les dernières perles de mon Kamilou...

*

Un mercredi, aux alentours de 13h, rue de Turenne, nous nous dirigeons vers le métro Temple, l'air et doux et le soleil brille. Soudain Kamil lève la tête, me regarde en biais et demande :

- Dis Anne, toi dans ta vie t'as plus marché ou plus parlé?

Hééééé oui, telle est la question...

*

Mercredi toujours, un midi à table :

- Ca doit être difficile de se mordre les fesses!

Soyons certains que d'ici quelques années il trouvera difficile de se "mordre"... autre chose :p

*

Leçon de géographie sur les stations balnéaires, je ferme le cahier et l'interroge :

- Cite-moi un nom de station balnéaire que tu connais.

- Hummm, Barraque Trope!

Bah oui, c'est évident : Biarritz et Saint-Trop'... Bravo 20/20!

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Dans le métro en direction de son cours de pâtisserie, il y avait une publicité pour "De particulier à particulier"... Et Kamil me souffle à l'oreille :

- Hè, PAP.fr c'est un site pour trouver le pape!

Logique... i sont cons ces publicitaires...

*

Pour le pont de l'ascension j'ai gardé Kamil toute la journée, de 10h à 21h30. Il était prévu que ce soit une journée magnifique, soleil et ciel azur à l'affiche. Je me suis dit qu'on ne pouvait décemment rester enfermés alors j'ai organisé une journée à la Villette, au programme : un film sur les ours à la Géode, un pique-nique sur la pelouse, une glace, un tour de manège et les différents "parcours spécial marmots", le tout avec un pote parce que sinon c'est pas drôle... (Oui parce que son amoureuse Nina était en Normandie!)

La veille, au dîner, alors que tout était bien organisé pour le lendemain je m'exclame fière de moi :

- Aaaaaah, je suis contente (sourire), demain on va passer une BONNE journée (soupir)...

Et v'là ti pas que le Kamilou me répond nonchalamment :

- Et imagines, au début que commence la bonne journée et bah tu meurs...

Tiens tiens, j'y avais pas pensé dis-donc!

*

Un vendredi soir, Kamil a la permission de 21h (au lieu de 20h30) et après "Plus belle la vie" (ouais...JE SAIS!) c'est lui qui choisit le programme ; nous voilà donc partis pour une bonne petite séance de... catch! (vous voyez que "Plus belle la vie" peut avoir du bon?!)

Sur l'écran nous voyons apparaître des espèces de branlos à la mode de Ken à la plage dans les années 80 et Kamil me sort :

- Hè mais c'est la fête du slip là!

--> Et bim! Je dirais même plus : et vlan dans tes dents!

Puis après quelques minutes de réflexion il ajoute :

- Si tu changes de métier un jour je te conseille pas de faire ça...

Nan? Vraiment? Bon ok, je garde ça dans un coin de ma tête.

*

Je demande à Kamil d'aller chercher une feuille pour lui faire faire un exercice, il va en chercher un dans le paquet de feuilles rangé dans le tiroir et commente :

- Tu vois là, le paquet de feuilles, et ben c'est comme si on avait un arbre dans le tiroir!

Ecologie quand tu nous tiens... :)

***

Voilà, je viens de le coucher, comme 5 soirs par semaines depuis 10 mois, je lui ai fait la dernière "enveloppacation" ...

"C koi l'enveloppacation??"

Pfff, vous êtes nuls ; ben c'est quand j'étale la couette sur lui, que je soulève ses jambes, passe un pan de chaque côté sous ses pieds puis replie par en-dessous, ensuite je repose les jambes et je bordes des deux côtés jusque sous les bras, je finis par lui tirer les bras et lui reposer de chaque côté bien comifo... Fastoche!

Comme ça il est tout bien emmitouflé pour dormir comme un bébé. Après je lui fais un bisou sur chaque joue puis un sur le front et je dis : "bon allez faut dormir là, il est tard", et je sors de la chambre sans fermer la porte pour qu'il voit la lumière du couloir.

Ce soir il m'a fait un gros câlin, moi j'ai fait semblant de rigoler alors que ce qui soulevait mon torse était plutôt des sanglots...

Enfin, pas le temps de m'émotionner plus longtemps, mes amis m'attendent au Cuba Compagnie pour mon pot de départ et il faut que je fasse un gros bisou à Joséphine la gardienne avant de filer!

Alala, je sens que je vais foutre en l'air mon maquillage moi ce soir :s

Qu'en serait-il de la création?

Pleurer sous la pluie,

Pleurer sous la douche,

Pleurer sous la couette...

Faut-il toujours pleurer sous quelque chose?

Ou alors pleurer sur son sort.

Et pleurer en musique.

Pourquoi faut-il forcément exploser pour créer? De bonheur, de rage ou de tristesse.

Peut-être parce que cela donne de l’ampleur aux sentiments, qui doivent déborder pour aterrir sur le papier, la toile ou la portée.

On peut même pleurer sur son sort, sous la pluie et en musique!

Après avoir fait cent fois la même connerie, après avoir répété cent fois le même schéma, impuissant.

On dit que les erreurs font avancer.

Certaines font stagner.

Voilà.

C’est ça.

Impuissant.

Créer pour comprendre.

Mais il faut bien que perdurent quelques incompréhensions, sinon qu’en serait-il de la création?

Hein?

Bon...

Allez j'suis sympa, une petite chanson pour bien chialer :)

Une journée Miss.Tic

Aujourd’hui j’ai mal depuis la base du poignet jusqu’au bout de l’omoplate droit.

Et j’ai compris ce que voulait dire «être charrette» dans le jargon des architectes car j’ai tranché des planches en carton au cuter et collé des bouts de papier toute l’aprèm’ pour aider ma copine Marion-papillon à réaliser sa maquette de fin d’année.

Du coup je suis tellement crevée que je me demande bien...

Mais, à la bonne heure (bonheur?), en cherchant une réponse à cette question je suis tombée sur le recueil de la «poète et plasticienne figure du Street Art» Miss.Tic (piqué dans la piaule de ladite Marion) et j’y ai pioché quelques éléments de réponse :

En avant doute

Créer c’est résister

Fais de moi ce que je veux

Une langueur de lit d’avance

Regarde la réalité en farce

On ne radine pas avec l’amour

J’ai traversé

des pays

et des hommes

Comment taire

Comment dire

Prends mes jambes à ton cou

Le manque c’est un oiseau qui cherche ses ailes

Femme de l’être avec les mots de l’âme

J’ai le mal de taire et mes ailes en réclament encore...

Je joue

oui

Nos peaux aiment d’amour

Je donne à profusion

Je prête à confusion

Je t’aime profond dément

Est-ce que l’homme descend du songe?

Nous sommes tous en situation irrégulière

Vain coeur

Vain cul

Je ne me rends jamais

même à l’évidence

Tu le désires

Tue le désire

Vivre avec des espoirs

Le droit d’asile

Une histoire de fou

Permis de reconstruire

La vie en dose

Armée jusqu’aux dentelles

Avec l’amour le temps passe vite

Avec le temps l’amour passe moins souvent

(--> Ca c’est pour tous ceux qui me répètent que je suis jeune et bla bla bla!!!)

Je suis dans la lune ne la décrochez pas

Enfin quoiqu’il en soit...

Miss.Tic, «Je prête à rire mais je donne à penser» au éditions grasset, 11,90€