En rédigeant ce billet je ne signe pas mon arrêt de mort je fais bien pire : j’établis mon acte de bannissement. Car en publiant cet article je me condamne à ne jamais trouver ni mec ni travail!
- Mais que vous arrive-t-il ma bonne dame ?
- Oh, trois fois rien... je veux des enfants.
En réalité j’écris ceci pour soulager ma conscience car il ne fait nul doute qu’Oscar Wilde avait raison lorsqu’il écrivait ceci: «Il y a quelque chose de somptueux à s’accuser soi-même. Lorsque nous nous blâmons, il nous semble que personne d’autre n’a le droit de nous blâmer»
Ce matin, ma meilleure amie - mon amie d’enfance que je connais depuis la deuxième année de maternelle - m’a annoncé qu’elle était enceinte et au lieu d’exploser de joie en l’étouffant de chaleureuses félicitations... j’ai fondu en larmes! C’est sans compter cette photo d’échographie que j’ai aussitôt reçue par MMS et qui m’a faite me sentir plus vulnérable qu’un pouilleux sous la guillotine... Vive la technologie.
Il faut dire qu’il y a quelques semaines, le jour même de mon anniversaire, une autre amie très proche m’informait également qu’un petit troll était en route.
Mais qu’on-t-elles à toutes pondre en même temps ?!
Merde ! Zut, pardon, il y a des enfants maintenant...
Pourquoi suis-je si prévisible ?
Pourquoi est-ce que comme toutes les ados rebelles de quinze ans je disais : «Moi ? Jamais de la vie j’aurais des mioches! A quoi ça sert de chier un gosse dans ce monde de merde où tous les parents divorcent t’façons ?!
Et pourquoi est-ce qu’à vingt-cinq ans bien sonnés je rêve d’avoir un bide énorme et mal aux seins ? Ou inversement.
Le pire dans l’histoire, c’est que non seulement je n’ai pas la chance de vivre cet incroyable bonheur mais en plus je culpabilise! Je me dis que je suis gamine capricieuse et égoïste en passe de devenir une vieille salope rongée par l’envie.
Voilà c’est dit : je suis jalouse les filles! JA-LOUSE! Jalouse, jalouse, jalouse, c’est clair ?
Bon.
Si j’écris ce pamphlet, c’est également pour pousser un coup de gueule : POURQUOI, lorsqu’on est une jeune femme de vingt-cinq ans, faut-il avoir honte de ce désir incommensurable d’enfantement ? Car c’est bien de honte qu’il s’agit... Honte attisée par ces demoiselles soit-disant carriéristes ou bien trentenaires célibataires désabusées se perdant en stratèges pour justifier l’absence de maternité et se persuader que tout va bien ; on crève toutes d’envie d’être en cloque !
Allons bon, baissez la garde les meufs...
Quant à mesdames les féministes : je vous sommerai de ne point l’ouvrir : «On ne naît pas femmes, on le devient», «Tu es conditionnée par la société, ça n’est que ce que te dictent les magazines et la télé : sois belle et tais-toi, sois-mère et ferme-là !» et bla, et bla et bla...
Et alors ? Oui, conditionnée, peut-être, mais une nouvelle fois je m’accuse somptueusement !
Messieurs je vous rassure, vous n’êtes pas en reste. Pouvez-vous me dire - et c’est bien à vous que je m’adresse - POURQUOI, si on laisse échapper dans une conversation que «oui, un jour, on aimerait bien avoir des enfants» (avec des yeux qui ne peuvent s’empêcher de briller), alors vous affichez une mine encore plus déconfite que si votre Play Station était en rade ? Merde les gars, c’est pas vous qui morflez pendant neuf mois à ce que je sache !
Après, après... Quoi, vous êtes jaloux parce que vous devrez partager nos beaux seins bien ronds et pleins avec un nabot tout rouge et baveux qui gueule tout le temps ? Eh oh, il est temps de grandir un peu ; faut apprendre à partager!
Keu-ah? La... peur de... l’engagement ? Des... responsabilités ?
Mais dites-nous, je vous le demande un pied sur scène et l’autre sur le bûcher : est-ce vraiment cela? Parce que - je vous le dis afin que vous le sussiez - c’est ce que nous croyons, nous les filles du haut de notre nuage rose et moltonné, mais en réalité on n’en sait fichtrement rien puisque qu’on n’ose jamais vous le demander...
Bien.
Maintenant, est-il vraiment nécessaire que je m’attarde sur le sort de nos chers patrons sans tendre à friser le cliché sexiste ? Permettez-moi néanmoins un dernier pourquoi. POURQUOI trembler à l’idée qu’un potentiel employeur nous pose cette innocente question : «Envisagez-vous d’avoir des enfants plus tard ?», croyez-vous sincèrement que celles qui répondent «Ah non merci, je fais pas dans le morveux moi !» ne disent pas cela sans un brin d’impertinence ? Ou que nous sommes suffisamment stupides pour répondre : «Oh oui bien sûr, je compte avoir une portée de trois chatons minimum, poser congé mater’ sur congé mater’, et penser à la couleur du caca de ma progéniture au lieu de m’inquiéter des bénéfices de l’entreprise !»
Et si tout simplement nous étions capables d’être à la fois femme, mère, amie et employée dévouée ?
Tout simplement.
Allez, sans rancune les filles, grâce à vous j’ai enfin écrit ce texte qui me pendait au nez depuis des années, et puis désolée mais cette année le jour de l’an ça sera au Champomy... Enjoy!