00h08, gare d'Ermont Eaubonne, il y a longtemps que je n'ai pas pris le RER si tard en banlieue, pourtant des allez-retour Paris-Mantes à pas d'heure de nuit j'en ai fait... Toujours cette même "mini-peur" ; très peu de monde, juste quelques espèces de fantômes noirs avec des blousons un peu bouffants et des casquettes. Je rentre mon cou dans mon col, tire sur ma jupe, fais mine d'être très concentrée sur ce que j'écoute, pas vraiment de représentantes de la gente féminine à l'horizon, "pourvu qu'il y en ai pas encore un qui vienne me souler, j'suis fatiguée, j'ai pas envie de faire la fille sympa et détachée"...!
Je m'avance sur le quai, pas de bruit, la banlieue dort... Je remonte 3 wagons, quelques mecs l'air absent assis dans chacun, "le premier wagon avec une fille je m'y engouffre", pas de fille... Un wagon vide, je rentre, monte m'asseoie dans le sens de la marche à l'étage.
J'ai une démarche tranquille, un peu amusée de mon auto-évaluation : "Anne, tu es toute seule sur un quai de gare à minuit, à une trentaine de kilomètre de Paris et tu flippes comme une débile, tu fais genre ta démarche est assurée et ton air détaché mais en fait tu t'imagines le pire...!"
C'est quand même dingue après avoir traversé l'Amérique Latine tout seule...
Je suis assise, seule dans mon grand wagon vide, la lumière du train est presque agressive à cette heure tardive, 00h10, le train part dans 2 minutes.
Un mec arrive dans le couloir, il vient s'asseoir dans le "4 places" juste à côté de moi et je pense "putain il se fout de ma gueule, le wagon est vide, faut qu'il vienne se mettre juste à côté?!"
Je ne tourne même pas la tête pour le regarder.
Et puis :
Lui : - "Excusez moi"
J'incline ma tête dans sa direction et soulève l'écouteur droit de mon casque,
Lui : - "Je viens de perdre mon père, est-ce que vous pouvez me dire quand on est à la gare Machin?" (me rappelle plus le nom!)
Moi, dans ma tête : - "Ouai moi aussi mon père est mort, je sais c'que c'est..."
Moi, à voix haute : - "Euh, je sais pas je connais pas la ligne"
Lui : - "Y'as tel arrêt et la gare de machin"
Moi : - "Ok c'est dans 2 stations alors?"
Lui : - "Euuuuh, oui"
Moi : - "Ben OK j'te dirai"
Lui : - "Merci"
Le type était plutôt petit genre 1m70, blond je crois avec pas trop de cheveux, du mal à lui donner un âge, disons... entre 20 et 30 ans, il avait un pantalon/jean noir, un blouson en jean noir, des baskets blanches un peu vieillottes, des lunettes années 80, il ressemblait à rien...
Mais il a réussi à me faire flancher, pendant de longues minutes je n'avais qu'une seule question en tête : "mais ton père il est vraiment mort?", mais c'est trop con comme question, ça me brulait les lèvres mais j'ai pas osé lui demander, je voulais savoir quand est-ce qu'il était mort, de quoi? Quel âge est-ce qu'il avait lui?...
Je ne le regardais pas et j'ai senti une vague odeur caramélisée... J'ai tourné un oeil et je l'ai vu avec un verre d'eau trouble blanche-anis : un ricard? Je m'étais trompée d'odeur!! Il s'était rempli un sacré verre!
Quel drôle de personnage... Je ne pouvais pas m'empêcher d'avoir de l'empathie pour lui.
Pourquoi est-ce qu'il m'avait dit ça à moi? Sans aucun détail... Je mourrai sd'envie de faire ça moi à l'époque, de le crier sur tous les toits, de dire "mon père vient de mourir" au lieu de "bonjour moi c'est Anne", mais même si cette première phrase tournait en boucle dans ma tête je réussissais toujours à sortir les autres mots, les mots d'usages...!
Bizarre... vraiment bizarre ce train vide, ce silence quasi luniare, cette lumière éblouissante, ce mec ringard qui se descendait sa bouteille de pastis en me demandant l'air paumé de lui rappeler dans deux stations qu'il devait descendre... Vraiment étrange!
Il s'est reservi un verre, a fait tomber le bouchon de la bouteille en plastique qui a roulé en spirale vingt bonne secondes avant de s'immobiliser, et le train est arrivé à la-dite station "machin". En même temps qu'il s'est levé, j'ai tourné la tête et lui ai dit qu'il était arrivé, il m'a regardé l'air ahuri, m'a remerciée et est parti!
J'ai vérifié dans le reflet de la vitre en face qu'il partait vraiment.
Seule dans mon wagon, je ne saurai jamais quel âge il avait, pourquoi il buvait du pastis seul dans le train, si son père venait vraiment de mourir, de quoi?!
J'ai regardé le ciel noir dépourvu d'étoiles, j'ai pensé à papa, refait le calcul... 5 ans bien passés... me suis dit qu'il y avait longtemps que je n'étais pas allée au cimetière, me suis trouvée des bonnes excuses pour ne pas y aller dans un futur proche...
Puis ma musique m'a envoyée au Népal puis dans un bus au Pérou, j'ai pensé "c'est quand même con qu'il soit plus là, je lui aurais bien raconté mes voyages ce soir, mes rencontres, demandé ses conseils pour mon avenir professionnel, mes projets de vie...", mais ce n'est pas possible, il n'est plus là tu viens de le dire trois lignes plus haut!
Je me suis recueillie en regardant le ciel quelques secondes, puis j'ai repensé à mes voyages et à mes rencontres... sereine...
Pourquoi est-ce que ce mec à croisé ma route ce soir?
Je m'avance sur le quai, pas de bruit, la banlieue dort... Je remonte 3 wagons, quelques mecs l'air absent assis dans chacun, "le premier wagon avec une fille je m'y engouffre", pas de fille... Un wagon vide, je rentre, monte m'asseoie dans le sens de la marche à l'étage.
J'ai une démarche tranquille, un peu amusée de mon auto-évaluation : "Anne, tu es toute seule sur un quai de gare à minuit, à une trentaine de kilomètre de Paris et tu flippes comme une débile, tu fais genre ta démarche est assurée et ton air détaché mais en fait tu t'imagines le pire...!"
C'est quand même dingue après avoir traversé l'Amérique Latine tout seule...
Je suis assise, seule dans mon grand wagon vide, la lumière du train est presque agressive à cette heure tardive, 00h10, le train part dans 2 minutes.
Un mec arrive dans le couloir, il vient s'asseoir dans le "4 places" juste à côté de moi et je pense "putain il se fout de ma gueule, le wagon est vide, faut qu'il vienne se mettre juste à côté?!"
Je ne tourne même pas la tête pour le regarder.
Et puis :
Lui : - "Excusez moi"
J'incline ma tête dans sa direction et soulève l'écouteur droit de mon casque,
Lui : - "Je viens de perdre mon père, est-ce que vous pouvez me dire quand on est à la gare Machin?" (me rappelle plus le nom!)
Moi, dans ma tête : - "Ouai moi aussi mon père est mort, je sais c'que c'est..."
Moi, à voix haute : - "Euh, je sais pas je connais pas la ligne"
Lui : - "Y'as tel arrêt et la gare de machin"
Moi : - "Ok c'est dans 2 stations alors?"
Lui : - "Euuuuh, oui"
Moi : - "Ben OK j'te dirai"
Lui : - "Merci"
Le type était plutôt petit genre 1m70, blond je crois avec pas trop de cheveux, du mal à lui donner un âge, disons... entre 20 et 30 ans, il avait un pantalon/jean noir, un blouson en jean noir, des baskets blanches un peu vieillottes, des lunettes années 80, il ressemblait à rien...
Mais il a réussi à me faire flancher, pendant de longues minutes je n'avais qu'une seule question en tête : "mais ton père il est vraiment mort?", mais c'est trop con comme question, ça me brulait les lèvres mais j'ai pas osé lui demander, je voulais savoir quand est-ce qu'il était mort, de quoi? Quel âge est-ce qu'il avait lui?...
Je ne le regardais pas et j'ai senti une vague odeur caramélisée... J'ai tourné un oeil et je l'ai vu avec un verre d'eau trouble blanche-anis : un ricard? Je m'étais trompée d'odeur!! Il s'était rempli un sacré verre!
Quel drôle de personnage... Je ne pouvais pas m'empêcher d'avoir de l'empathie pour lui.
Pourquoi est-ce qu'il m'avait dit ça à moi? Sans aucun détail... Je mourrai sd'envie de faire ça moi à l'époque, de le crier sur tous les toits, de dire "mon père vient de mourir" au lieu de "bonjour moi c'est Anne", mais même si cette première phrase tournait en boucle dans ma tête je réussissais toujours à sortir les autres mots, les mots d'usages...!
Bizarre... vraiment bizarre ce train vide, ce silence quasi luniare, cette lumière éblouissante, ce mec ringard qui se descendait sa bouteille de pastis en me demandant l'air paumé de lui rappeler dans deux stations qu'il devait descendre... Vraiment étrange!
Il s'est reservi un verre, a fait tomber le bouchon de la bouteille en plastique qui a roulé en spirale vingt bonne secondes avant de s'immobiliser, et le train est arrivé à la-dite station "machin". En même temps qu'il s'est levé, j'ai tourné la tête et lui ai dit qu'il était arrivé, il m'a regardé l'air ahuri, m'a remerciée et est parti!
J'ai vérifié dans le reflet de la vitre en face qu'il partait vraiment.
Seule dans mon wagon, je ne saurai jamais quel âge il avait, pourquoi il buvait du pastis seul dans le train, si son père venait vraiment de mourir, de quoi?!
J'ai regardé le ciel noir dépourvu d'étoiles, j'ai pensé à papa, refait le calcul... 5 ans bien passés... me suis dit qu'il y avait longtemps que je n'étais pas allée au cimetière, me suis trouvée des bonnes excuses pour ne pas y aller dans un futur proche...
Puis ma musique m'a envoyée au Népal puis dans un bus au Pérou, j'ai pensé "c'est quand même con qu'il soit plus là, je lui aurais bien raconté mes voyages ce soir, mes rencontres, demandé ses conseils pour mon avenir professionnel, mes projets de vie...", mais ce n'est pas possible, il n'est plus là tu viens de le dire trois lignes plus haut!
Je me suis recueillie en regardant le ciel quelques secondes, puis j'ai repensé à mes voyages et à mes rencontres... sereine...
Pourquoi est-ce que ce mec à croisé ma route ce soir?
1 commentaire:
Mon avis sur la question :
Les rencontres que nous faisons ne sont jamais uniquement le fruit du hasard, malgré cela, il n'existe pas de réponse à la question pourquoi... C'est la vie ; à toi de l'interpréter... ou pas.
Un bout de temps que je ne t'avais pas lu et je trouve ton style meilleur, peut-être murit (??). En tout cas continue, c'est agréable à lire.
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