Bien que le processus de sevrage aux moyens de communication modernes tels que teléphone fixe/portable et internet soit à peu près efficace dans le sens où les crises de manque sont de plus en plus espacées, un nouveau problème s'érige droit devant moi!
Comment résumer dix jours sans passer dix heures devant l'ordi et sans perdre votre attention au bout de dix lignes?!
Commençons par le début : la semaine dernière, pour me connecter, je suis sortie avec la voisine - Teresita - qui est Cubaine mais qui vit entre l'Italie et Cuba car elle a un mari là-bas et un fils ici. C'était la première fois que je sortais sans être accompagnée de Martica, Maiko ou une des deux nièces... Du coup, à la sortie du "business web center" de l'hôtel Havana Libre où nous avons jouit (oui, c'est le mot) d'une heure de connexion, j'en ai profité pour... m'échapper : SEULE! Pauvre Martica, elle était terrorisée à l'idée que je m'aventure dans la Havane sans garde rapprochée et dès qu'elle a eu le dos tourné j'ai filé, mais après une semaine je n'en pouvais plus, il me fallait de l'air ; goûter à l'indépendance, la liberté, le hasard, les folies et peut-être les ennuis du voyage! Alors je suis partie avec 20 CUC en poche et sans mon guide du routard donc sans plan, j'ai descendu la grande avenue jusqu'au Malecon (le muret qui borde la mer), puis j'ai longé ce dernier sur environ deux kilomètres jusqu'à la Habana Vieja. Là j'ai tourné à droite sur la ballade Jose Marti et me suis enfoncée dans le centre historique sans trop savoir où j'allais. Je me suis arrêtée dans un espèce de squat d'artistes peintres, j'y ai versé une larme - émue par la force des tableaux et une chanson en français de Dobra Caracole - puis j'ai esquivé gentiment l'offre d'un des peintres de m'accompagner jusqu'à l'endroit où je devais prendre un "carro" (vieilles voitures américaines) qui me ramènerait à la maison, prétextant des achats rue Obispo.
Bien sûr je me suis perdue, confondant un parc avec un autre, faisant deux fois le tour du capitole... et c'est en arrivant enfin à l'angle de cette fameuse rue que je suis tombée sur Maikel : un trigueño (un noir pas trop foncé mais pas métisse non plus... sachez qu'ici il y a plus d'une quinzaine d'adjectifs pour décrire la couleur de peau et le style "racial" des gens!) habillé plutôt occidental et qui me demanda en anglais de le prendre en photo...
Ensuite me demanda si j'étais israélienne, je lui répondis que malgré mon nez protubérant j'étais française, il ajouta qu'il était suisse, descendant de nigériens et qu'il était ici en vacances, je lui annonçai que je vivais dans le quartier de Luyano et sorti sa carte d'identité CUBAINE pour me prouver que lui aussi... ... ... Alors là je lui ai demandé s'il se foutait pas un peu de ma gueule : suisse, nigérien, cubain ou juste gros mytho?!
C'est alors que nous nous sommes enfin mis à parler espagnol et que nous avons partagé un café pour élucider le mystère!
Maikel a 32 ans, a quitté Cuba pour la Suisse à l'âge de 13 ans car il était premier prix de conservatoire en danse et percussions afro-cubaines, a une petite fille de 12 ans et est Babalao (l'équivalent d'un prêtre dans la religion Yoruba* pour faire simple) d'où son attachement à ses racines nigériennes...
Bref!
Il était aux environs de 17h et vingt minutes plus tard il m'annonçait qu'il y avait un concert de la Charanga Habanera à la Casa de la Musica, pour les non salsa-addict : groupe et lieu MY-THIQUES! Il m'invita à l'accompagner et... je fis la première folie du voyage : accompagner un type que je connaissais depuis dix minutes, qui m'avait tenu un discours un peu confus, à un concert dans une grande salle où il y aurait plein de monde. Inutile d'ajouter que je portais un short à franges issu d'un jean coupé avec mon t-shirt orange de la gitAnne noué au dessus du nombril et mes tongs en toile toutes nazes d'H&M, et que Martica allait faire un infactus!
Mais bon, la CHARANGA HABANERA (groupe dont la musique a rythmé sept mois de vie à Séville), à LA CASA DE LA MUSICA (salle de concert dont la réputation dépasse les Caraïbes et l'Atlantique), à LA HAVANE dans la présente capitale de l'île de CUBA : je ne pouvais juste pas décemment refuser :)
Et tout c'est passé comme dans un rêve... J'ai été arrosée de rhum 7 ans d'âge, j'ai dansé la salsa pendant plus d'une heure avant que le concert ne ncommence et alors que la fosse était encore praticable, puis la Charanga est arrivée, ils ont chanté ma chanson préférée "Cuenta me", et enfin, Maikel m'a raccompagnée jusqu'à la porte de chez moi comme il l'avait promis à Martica sur les coups d'une heure du matin!
*je présente le vocabulaire de base se rapportant à la religion afro-cubaine (Yoruba) à la page 10 de mon Carnet de voyage imaginaire à Cuba, consultable ici www.gitanne.com
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