lundi 8 août 2011

Communauté d'Elim


31/07/11
Communauté d'Elim, province de Saint-Elizabeth, centre/sud-ouest de la Jamaïque.

16h45, la pluie vient cesser, c'était une pluie forte et dense, une pluie de mousson.
Je suis assise sur le lit dans la chambre de Sammi, face à la fenêtre. Le rideau vert est relevé par un simple noeud et la fenêtre est ouverte mais il y a un fin grillage pour protéger des moustiques. Au loin j'entends du dancehall bien lourd!

Sammi et moi

La petite maison dans la prairie à l'aube...

Gus (le grand) et Tiny (le petit)

Je suis arrivée ici vendredi soir, sous la pluie, à la tombée de la nuit. Sam m'attendait au bout de l'allée sous le porche avec ses deux chiens, j'ai eu l'impression de débarquer dans la "Petite maison dans la prairie" version tropiques. Sam est volontaire Peace Corps, une organistation Américaine très reconnue qui envoie ses recrues pour deux ans dans un pays. Le programme Peace Corps est réputé difficile et seuls 22% des volontaires vont au bout des deux ans. En effet, ces derniers vivent, le plus possible, dans les mêmes conditions que les communautés où ils sont envoyés et, à titre d'exemple, Sam qui vit ici depuis un an et demi n'a pas de machine à laver et a reçu un vélo, un fauteuil et une petite table il y a seulement 3 mois... sachant que quand elle est arrivée dans sa petite maison de deux pièces il y avait juste un lit et un frigo et qu'elle n'est payée que 250$ par mois.
A côté de cela, la maisonnette n'est rien que pour elle, elle a un immense jardin rempli d'arbres fruitiers où ont élu domicile de magnifiques perroquets verts et jaunes, et une vue splendide sur les collines. Par ailleurs il y a l'eau courante et potable ainsi que l'électricité. Et encore mieux : on peut jeter le papier toilettes dans la cuvette! Parce qu'à Cuba, le papier va dans la poubelle sinon ça bouche à coup sur... Pas d'eau chaude bien évidemment mais vu la chaleur on ne peut pas vraiment dire que cela fasse défaut.

THE piscine! :D

THE barbeuk :)

Ce soir là un autre couchsurfeur a débarqué : Nicolas, un péruvien qui travaille à Montégo Bay (au Nord-Ouest de l'île). Nicolas n'est pas ce genre de voyageur fauché comme nous, il est arrivé en pick-up avec du charbon, une grille, des saucisses, des steaks, du rhum, de la vodka, du jus d'orange et du Redbull!!!
Je fais une petite parenthèse ici : la nourriture est très chère en Jamaïque, je dirais que les prix dans les super marchés sont pratiquement les mêmes qu'en France. Par ailleurs, ce n'est pas forcément plus avantageux de manger dans la rue ; une "cajita" (petite boite en carton contenant du riz, du poulet et de la banane par exemple) vaut autour d'1€ à Cuba contre 4 ici! Ils disent que c'est parce que c'est une île et qu'ils importent tout mais aux dernières nouvelles Cuba est également une île et il n'y a pas ce problème. Bon, d'accord, je vous accorde qu'à Cuba il n'y a PAS de super-marchés en tant que tels, et qu'on ne peut de toutes façons PAS acheter des chips Lays ou des Kellogs ou du Coca-Cola ou de la viande de boeuf ou... Enfin attention, ne vous méprenez pas, il est possible de trouver tout cela à Cuba mais c'est le parcours du combattant et c'est aussi chers...
Autre chose EXTREMEMENT chère : les clopes! Un paquet de la marque Jamaïquaine Craven A (la moins chère) vaut 6$!!! Et hier on me vendait un paquet d'une autre marque pour 10$! Quand je pense que mes Hollywood me coûtent 1€ à Cuba... Du coup, bien évidemment les Jamaïqains n'ont pas le budget pour fumer des clopes, et quand on sait qu'un stick de weed pure fraîchement shéchée sur sa branche d'environ vingt centimètres vaut 2$, vous comprenez vite ce qui est le plus rentable à fumer!
Right?

Nicolas a réussi à allumer le feu sur le sol humide et nous avons passé une chouette soirée à manger nos saucisses à même le pic assis dans la remorque du pick-up, à trinquer aux cocktails made in gitAnne's, et à faire connaissance :)

Le lendemain nous avons profité d'être véhiculés pour aller se rafraîchir dans le meilleur "trou d'eau" du village. Un trou d'eau c'est quand un ruisseau qui coule plus ou moins sous terre s'élargit soudainement formant ainsi un bassin assimilable à une petite piscine naturelle. C'est vrai que le notre était de luxe ; il faisait environ quinze mètres sur cinq, l'eau était claire et le sol, de sable et de pierres.
Ensuite nous sommes allés manger au "cook-shop", Nicolas nous a ramenées et s'en est allé...
Le cook-shop est un des seuls "commerce" de la communauté. Je mets des guillements car ce n'est en rien une boutique, c'est juste une petite cabane où on peut aller acheter des cajitas, de la soupe et des espèces de beignets appelés "festivals". Comme ce cook-shop n'ouvre pas tous les jours il y en a un second ainsi qu'un endroit minuscule où on peut acheter les produits de première nécessité comme le riz ou les oeufs et pas grand chose d'autre. Mis à part cela, les premiers magasins dignes de ce nom sont à Santa Cruz à une demi-heure en voiture, et sachant que le voyage à Santa Cruz coûte 1,5$ et que le salaire Jamaïquain moyen est de 200$ mais beaucoup moins ici puisque nous sommes à la campagne, je me demandais si les habitants pouvaient réllement descendre en ville chaque semaine pour se réaprovisionner en nourriture mais Sam m'expliqua que, la plupart étant paysans, ils se donnent la nourriture! Non ils ne se la vendent pas ni ne se l'échange officiellement : ils se la DONNENT! D'ailleurs, en parlant de cela, comme nous sommes à court de nourriture, qu'aujourd'hui c'est dimanche et que demain c'est férié, Sam est justement partie faire un tour pour demander de la nourriture...

Hier soir un autre couchsurfeur est arrivé : Sam, Suédois, en vacances 10 jours en Jamaïque. Sam est le prototype physique du Suédois ; blond, très blanc de peau, avec des yeux bleux clairs. Il est un peu gros, a une tête de gentil nounours et parle très peu.
Mais la vraie nouvelle d'hier soir c'est la fête!
Hier a eu lieu la plus grosse fête de l'année : la fête d'Elim, où viennent des gens de tous les villages voisins et même de Santa Cruz...!
Il faut savoir que ce week-end est le week-end où il y a les plus grosses fêtes de l'année dans toute l'île et qu'à des endroits comme Negril à l'extrême ouest de l'île, les gens réservent depuis plusieurs mois... alors bien évidemment, perdus dans notre profonde campagne Jamaïcaine cette fête pourrait paraître complètement ridicule à côté de ce qui se passait sur la côte au même moment mais moi j'étai fière d'être ici à Elim! Oui j'étais fière, car je levais les yeux au ciel et voyais les étoiles, parce que je regardais autour de moi et les seuls blancs étaient les deux Sam et moi, parce que j'étais perdue en pleine campagne Jamaïcaine et que la plus grosse fête de l'année avait lieu dans un champ avec un énorme sound-system et un éclairage quasiment nul, parce que moi j'étais là à ce moment précis et que les basses des sons reggae ou dancehall envahissaient mon corps et le portaient, le balançant de droite à gauche sans que je n'aie à faire aucun effort!
Rhum aidant, j'ai un peu "wayné" (prononcer waïné, de l'expression "to wayne" qui caractérise les mouvements de hanches et de jambes si typiques du dancehall) et, comme je me suis plutôt lâchée, les jamaïquains ont halluciné!! Du coup, les uns après les autres ils venaient se coller derrière moi, attendant que je pose une main au sol et bouge les fesses... Bien sûr je ne suis pas allée jusque là, même si j'aurais pu, mais il me restait tout de même une once d'inhibition, et puis vu ma couleur de peau je préférais rester discrète autant que possible. Néanmoins, avec les gars que je connaissais, je me suis déhanchée comme JAMAIS je ne l'avais fait en public en France ou même à Cuba et... PUTAIN CE QUE C'EST BON DE POUVOIR SE LACHER COMME CA!! C'est tellement commun ici de danser en mimant les pires cochonneries sexuelles, haha...
Nan mais sérieusement, cela ne signifie absolument rien, c'est juste normal, naturel, et dès que tu te décolles le mec se recule et te laisse danser tranquille. En France, oh mon dieu, si tu te dandines ainsi tu passes pour une s*** dans la plupart des cas, et surtout, quand un mec commence à te coller il ne te lâche jamais...
Bon, et bien sûr ; je portais por l'occasion un "pum-pum short" - un short court et moulant - et j'appris que pum-pum ne voulait pas dire fesses comme je le pensais mais... vagin! C'est fin, c'est délicat, n'est-ce pas?!

En tous cas voilà, voulais de l'authentique, je voulais de la fête et du dancehall, j'ai eu les deux pour le prix d'un :)

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