samedi 17 septembre 2011

Atteinte d'exotisme


Il parait que je serais atteinte d’exotisme... Mais attention, c’est pas des conneries! C’est une amie psy qui m’a expliqué ça, c’est très sérieux.


Il parait que c’est un truc de sociologie qui dit que c’est le contraire du racisme, mais que du coup c’est aussi mauvais que le racisme... C’est quand même con, nan?


Il parait qu’être atteint d’exotisme c’est trouver que c’est tout mieux ailleurs, que d’autres peuples sont meilleurs, c’est les idéaliser, mais du coup c’est les différencier et donc les discriminer dans un sens.


C’est compliqué hein la psychologie quand c’est pas de comptoire ou à deux balles?!


Ouais, et pis en plus ça m’aide pas beaucoup ces conneries, parce que ce soir je suis vachement nostalgique... Tellement que ce soir j’ai détesté tout le monde à la soirée salsa, et j’ai même eu envie de pleurer alors que pourtant je nageais en pleine fontaine de jouvence : celle qui regorge de croches, de rondes, de demis soupirs, de parquet ciré, de tambours qui farandolent, de cordes qui claquent, de cuivres qui tintamarrent, de talons fiers et de mojitos sucrés...

Je les voyais là, à se pavaner, à faire leurs beaux, à se donner de l’importance... sans rien savoir de ce qui se passe là-bas... et je les haïssais... et la petite voix de mon amie raisonnait : «je crois que tu es atteinte d’exotisme», et la mienne lui répondait : «c’est grave docteur?»

Bien sûr que c’est grave.


Et puis je réfléchissais et me disais que tout compte fait je n’étais peut-être pas atteinte d’exotisme, même si c’est plutôt romantique comme symptôme, mais que je souffrais seulement d’incompréhension, et donc à quelque part de solitude. Et c’est nul la solitude!


Cuba m’a prise aux trippes, et son souvenir me tord les boyaux.


Il est 3h26 du matin, j’écoute le Canon en Ré majeur de Pachelbel et je pense à Cuba.

Je pense à cette île où il n’y a pas de pub, il n’y a pas de marques, mais où les murs sont envahis de portraits du Ché et de messages révolutionnaires. Je pense à cette île où pour tuer une vache tu prends vingt ans de taule alors que pour tuer un homme tu en prends huit, cherchez l’erreur. Je pense à ce pays bourré de problèmes, et, de paradoxes ; car justement, il n’y a jamais de problème... Vous suivez toujours? Si ce n’est pas le cas, relisez ce post vers 3h26 du mat’.

Je pense à ce pays où quand tu es cubain tu payes ton billet de train 50 pesos (1,5 euros) et quand tu es étranger tu payes ce même billet de train 50 dollars. Où quand tu es étranger tu as le droit d’acheter une carte d’une heure d’internet pour 6 dollars et quand tu es cubain tu n’as pas le droit d’acheter cette même carte. Ce pays où il n’y a pas de liberté, ni pour le cubain ni pour l’étranger, sauf si tu alignes le fric : le seul pays du monde où tu achètes ta liberté! Mais moi j’ai fait la rebelle ; j’ai refusé de baisser mon froc en trouant mes poches alors j’ai perdu en liberté, mais j’ai gagné en reconnaissance, en amour et en loyauté.

Et ça, ça n’a pas de prix.

Oh non.

C’est comme la santé, ça n’a pas de prix, et c’est bien le seul pays qui l’a compris. Car si Rotschild ou Bill Gates doivent crever, c’est pas leur millions qui vont y changer grand chose. Car quand la petite bête est vorace et qu’elle monte, elle monte, si tu trouves pas le vilain microbe qui va la faire dégringoler, tu peux y foutre des euros sur son chemin moi je suis sûre qu’elle va les pourrir comme le corps du pauvre mec qu’elle est en train de grignoter!

Ouais.

Et quoi d’autre encore?

Oh, tellement...


L’Automne des Quatres saisons de Vivaldi : ça me fout le bourdon, et pis ça me donne froid.


Allez, je vais aller prendre une bonne douche bien chaude, chose que je pouvais pas faire à Cuba! Mais je vais me laver avec une savonnette pour faire comme là-bas...


Pas très éxotique, nan?



4 commentaires:

LEGO & AUTISME a dit…

J'ai lu un peu en retard, à 5h09 seulement, mais la magie a opéré. J'en ai été bien content car j'ai retrouvé Annita Juanita, ma douce chipie de nièce, honnête, sincère et courageuse, tellement drôle et tellement différente...
Oncle Mo'

Mykimike a dit…

Tiens, je ne connaissais pas l'exotisme, mais en lisant cet article je pense que cela correspond bien à ce que je peux ressentir parfois... et si c'est une maladie, elle peut pourtant pousser à vivre les plus belles expériences !

J'ai voyagé un peu en amérique latine y retourne dès que possible, tous les ans (peut etre bientôt Cuba). Au retour, et même quelques mois après, une douce nostalgie revient. Celle de sensations, d'odeurs, de sourires dans des pays qui ne sont pas parfaits, certes, mais qui offrent des horizons et des conceptions bien différentes... qui attirent

Je suis peut être également atteint d'exotisme... Merci donc, j'ai enfin mis un mot sur mes maux ;)

... allez je continue ma lecture ;)

gitAnne a dit…

Comment as-tu atterri ici Mykimike, et qui est-tu?!
En tous cas merci pour ce commentaire et pour cette jolie phrase : "Celle de sensations, d'odeurs, de sourires dans des pays qui ne sont pas parfaits, certes, mais qui offrent des horizons et des conceptions bien différentes... qui attirent"
;)

gitAnne a dit…

*Qui ES-tu pardon...

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