mercredi 27 juillet 2011

Panam, Panam, PANAMA!

Panama City

ci-dessus/dessous : vers le Panama...


C'en est trop, trop, trop, trop, trop pour mon petit coeur de jeune femme d'un mètre soixante ; je déborde, j'explose... d'émotion!

Mardi 26 juillet (précisément jour de la Sainte Anne), aéroport Tocumen de Panama, 10h47, porte 30 , destination KINGSTON.

KING-STOOOOOOOOOOONNNNNNNN!!!!!!!!!!!!!!!!

Et ce n'est pas tout ; assise au comptoir d'un Dunkin Donut avec un blueberry muffin et un double expresso, voilà que dans mes oreilles sonne un GROS dancehall made in Jamaica, mais ce qui m'a définitivement achevée c'est ce Chan Chan (chanson cubaine ultra populaire) qui est venu juste après. Les sanglots m'ont pris d'assaut et il me fut impossible de les ravaler, pire ils ont redoublé quand j'ai vu Santiago de Chile porte 28 et Quito porte 29.

Mon dieu, tout ça c'est trop pour moi, je viens de quitter Cuba où j'ai passé un mois qui m'a paru une semaine (et je ne réalise toujours pas!), je vais en JAMAIQUE (je n'y crois pas non plus même devant le panneau qui annonce Kingston), j'ai passé une nuit d'escale au Panama ; l'Amérique centrale qui me rapproche de l'Amérique du Sud et me rappelle énormément mon voyage Colombie-Equateur-Pérou-Bolivie-Chili : c'est trop, trop, trop, beaucoup trop pour moi!

Je crois que jamais de toute ma vie je n'aurai d'aussi beau cadeau pour ma fête... à moins que mon premier enfant ne naisse ce jour là!

Ah, et puis pour couronner le tout, les premiers rastas arrivent à la porte d'embarquement : à ma gauche, un métisse magnifique qui a quitté ses tongs et se balade pieds nus sur la moquette.

Tiens, je crois qu'il est temps d'embarquer justement, j'ai un peu le track!

(...)

Dans l'avion.

Maintenant je dois absolument raconter cette nuit au Panama et les larmes d'hier qui elles, étaient bien loin d'être d'émotion ou de joie...

Jamais, je dis bien JAMAIS, je n'aurais pensé avoir un tel CHOC en arrivant au Panama après avoir passé un mois à Cuba. Cela commença dès l'avion lorsqu'on me servit un Coca-Cola light : le tout premier après mon départ de France. C'est bête hein, mais ça m'a fait un bien fou!

Certes, cela reste postif, mais après ça se complique...

Je suis arrivée de nuit et me suis offerte le luxe de me payer un taxi pour aller jusqu'au centre historique où je devais retrouver Jorge qui allait m'héberger en "couchsurfing" pour la nuit. Depuis le taxi j'ai découvert une ville envahie par les buildings type gratte-ciels américains, à tel point que j'avais l'impression de débarquer dans un film du futur type le "5ème élément" ou sur n'importe quelle île artificielle des Emirats Arabes! Le second choc fut... ... ... apercevoir un MacDonald!!! Puis tout c'est enchaîné : des grosses bagnoles américaines, des affiches publicitaires pour Samsung, Nike, Movistar et mille autres marques bien capitalistes, des centres commerciaux type "mall", des grandes avenues propres et bien éclairées sans aucunes ruine, sans aucune âme ; froid, vide...!

Heureusement, j'avais rendez-vous avec Jorge a l'auberge de jeunesse Luna's Castel dans la vieille ville et je me détendais un peu en voyant les maisons coloniales, les fleurs au balcon, les chats se battant dans les ruelles sombres et les stands mal éclairés de nouriture qui pue le graillon... mais cela ne dura pas bien longemps car à peine entrais-je dans l'hôtel que je me reprenais une claque : c'était la typique auberge de backpackers underground genre "je suis un mec trop stylé qui voyage", et c'est là que j'ai eu vraiment envie de pleurer car je me retrouvais au milieu des "miens" et je me sentais plus étrangère que jamais... J'avais l'impression d'entrer dans une ambiance de cool-attitude surfaite où ce qui prime est le paraître, au détriment de la simplicité et de l'humain. Je ne veux pas passer pour une rebelle qui se veut différente, je raconte juste le malaise que j'ai ressenti et qui était bien réel...

Je ne sais pas vraiment comment expliquer tout cela, mais je venais de Cuba, une île sous embargo dans un système socialiste, coupée du monde par la mer et le régime, où les gens vivent dans une réalité en apparence similaire à la notre mais en fait bien différente.

A Cuba on vit dans un autre monde, un autre temps, à un rythme différent. Les cubains sont extrêment accueillants, chaleureux, tendres, bien éduqués et passent leur temps à magouiller pour gagner quelques CUC ou dégoter une paire de tongs, un t-shirt de marque, n'importe quelle connerie... Il n'y a aucune publicité ni dans la rue ni à la télé, uniquement les phrases de la révolution sur la moitié des murs du pays, et des annonces d'évènements culturels ou d'hygiène à la télé.

Ici, c'est comme chez nous voire pire car c'est Américanisé. Ici les gens n'ont pas besoin de se battre pour s'en sortir entre deux monnaies et ont tout à porté de main, comme moi à Paris, sauf que j'ai fait un tel effort d'adaptation à Cuba que je me suis prise le revers de la médaille en pleine tronche. J'ai eu envie de chialer en voyant ces espèce de "beaux gosses" avec leur barbe de trois jours et leur casquette de skateur qui se la racontaient en parlant fort avec un bière à la main, j'ai eu envie de chialer en voyant ces pin-up qui déambulaient le nez en l'air genre "T'as vu ma robe? je suis la plus belle"... Je me suis assise face à la réception dans le salon où tous ces jeunes étaient en train de se pavaner et mon dieu ce que je me suis sentie seule et paumée, rien que d'y repenser et de l'écrire là tout de suite, j'en ai de nouveau les larmes aux yeux. Je ne sais pas si quelqu'un pourra un jour comprendre ce qui m'est arrivé, je l'espère parce que sinon je me sentirais bien seule...

Bien entendu, personne n'est venu me parler, n'étais-je pas assez bien habillée pour eux? Pas assez "cool", dans le style (prononcer staïle!), le mouv, la vibe, tout ce que vous voudrez... En réalité si, le seul qui s'est approché est un jeune Panameño avec un tête d'ange. Un jeune homme doux et simple avec qui j'ai échangé quelques mots pendant qu'on lisait respectivement nos emails. Oui parce que là pour le coup c'était la fête ; Noël, jour de l'an, Pacques et 14 juillet en même temps : il y avait une connexion WIFI gratuite dans l'hotel!!!!

Un autre choc fut d'ailleurs de voir partout sur les murs du bar de l'auberge : "Rejoignez-nous sur facebook, gagnez des boissons, réservez pour votre anniversaire..."

Bref, Jorge est arrivé au bout d'une petite heure et m'a sauvée de cet endroit où j'étais en train de me décomposer.

Jorge a 21 ans, l'âge de mon petit frère, il est métisse, étudiant en cinéma et gay! Il est très influencé par la culture américaine mais son âme est définitivement latine et artistique alors nous nous sommes bien entendus. Nous avons fumé (enfin ils ont fumé!) de la beuh dans une pomme (oui vous avez bien lu, un bang fait dans une pomme!) caché dans les toilettes derrière le théâtre de l'auberge pour le départ d'une de ses collègues (il est également réceptionniste dans ce même hôtel), puis nous sommes partis tous les deux faire le tour de la vieille ville. Nous avons traîné dans les rues calmes et à peine éclairées du centre historique jusqu'à 2h du mat' et sommes rentrés nous coucher. Enfin, il s'est couché et moi j'ai passé 1h30 sur facebook : gratuit, en WIFI et dans mon lit!!! Nan mais vous vous rendez compte?! ;)

Et voici, le capitaine vient d'annoncer la descente vers la ville de Kingston, je crois qu'il est de rigueur d'éteindre l'ordinateur...

Je suis dans un espèce d'état de semi-transe, sur le point d'aterrir en Jamaique je n'y crois toujours pas, j'ai un peu peur de débarquer là toute seule et en même temps je suis surexcitée.

Panam, Panam, Panama... Kingston me voilà!


Jamaique


mercredi 13 juillet 2011

Varadero

Alors là je vais faire la fainéante, mais ça tombe bien c'est l'activité la plus répandue à Varadero!


Je crois que si vous dites un jour à un Cubain que vous êtes allé à Cuba, il ne tiendra pas plus de deux minutes avant de vous demander si vous avez foulé la merveilleuse plages de Varadero... Et bien moi, c'est fait! Au moins je ne passerai pas pour une gourde, et je serai rentrée avec quelques étoiles dans les yeux, que dis-je : quelques diamants! Enfin en fait je ne sais pas... Imaginez-vous la plus belle plage du monde : elle fait des kilomètres de long, le sable est blanc à en décoller l'iris, l'eau bleue-azur-piscine-translucide (tout à fait, cette couleur existe!), plus chaude que l'air et on a pied sur des centaines de mètres n'est-ce pas?

Parfait, maintenant rouvrez les yeux : bienvenue à Varadero!


Varadero est TELLEMENT touristiquement réputé que, comme toute rebelle qui se respecte, c'est à peine si j'avais émis l'idée d'y foutre les pieds... Mais le destin est venu au secours de mon âme en peine et a mis le "commité d'entreprise" de la femme de William* sur le coup : excursion tous frais payés pour une journée à Varadero ce samedi 10 juillet.


De plus, j'ai eu la chance d'aller sur le morceau de plage "réservé" aux cubains où il n'y a pas l'ombre d'un hôtel et j'ai passé la journée à siroter du Malta (de la bière sans alcool), à sucer des "mamoncillos" (fruit bizarroïde ressemblant plus ou moins à un litchi mais plus acide et avec une chaire moins généreuse), à me réfugier sous l'ombre du parasol (le soleil est tellement batard qu'on bronze même en étant abrité et protégé par de l'écran total indice 20 : faire bronzette rime ici avec suicide, sérieux!) et à nager jusqu'au prochain banc de sable, puis jusqu'au prochain, et encore le prochain, et euh... bon il serait raisonnable que je m'arrête avant de ne plus voir la couleur de notre précieux parasol!



*tous les membres de la famille présentés dans l'artcile "La famille, le quartier"





La Havane

La meme photo de nuit, puis a l'aurore

23h27, je suis assise sur mon lit, sous le néon circulaire, face au ventilateur bloqué à vitesse maximale. Demain est un grand jour : je me connecte à internet! Alors ce soir je bosse ; j'écris, écris, écris et écris encore, malgré le mal de dos, le mal de nuque et la fatigue... J'aurais pu m'y prendre plus tôt direz-vous, tout à fait, mais j'ai passé ces derniers dix jours à vivre, sans trop penser, donc sans trop écrire!


Dans mes oreilles, la grande chanteuse espagnole Maria Dolores Pradera :


"Une fois de plus je me suis reveillée dans tes bras en pleurant de joie (...)

Puis tu t'es éveillé à ton tours, tout endormi,

Tu voulais me dire je ne sais trop quoi,

Mais mes baisers sont tombés dans ta bouche,

Et ainsi s'écoulèrent de nombreuse, nombreuses heures"


Oh rien de tel qu'un peu de poésie pour parler de la Havane.


La Havane.


La capitale cubaine est une ville délabrée.

Tout ici s'émiette, s'éffrite, tombe en ruines. Tout ne tient qu'à un fil, mais... Un fil en or!

On se croirait dans un décor de BD des années 50 tout juste sortie d'une grande mâle d'un grenier tapissé de toiles d'araignées : les couleurs sont ternies, les pages jaunies, déchirées et dévorées par les mythes. Si on dit que "Sevilla tiene un color especial", que peut-on alors dire de la Havane? Je lis partout "une ville à la nostalgie délicieuse, aux contrastes saisissants"... C'est tout ça mais bien plus, c'est une ville où le temps qui s'est arrêté court en faisant du sur place, une ville face à la mer et contre un mur. Je vous serai bien sûr reconnaissante de saisir tous les sens de chacune de mes propositions ;)

Ce n'est ni le tiers ni le nouveau monde, ni opressant ni reposant... quoi que, chaleur aidant, le rythme de vie est assez... comment dire?


"Notre chaleur, celle-là même qui donne la sensation qu'ici les jours sont plus profonds, plus intenses, plus épuisants et infiniment plus tragiques"

Je t'ai donné la vie entière, Zoé Valdés (écrivaine cubaine)


La Havane, où je serai restée vingt jours alors que j'avais juré ne pas dépasser deux semaines!

La Havane, dont - à minuit et deux minutes - je dirais que c'est une garce qui transpire la poésie et pue le romantisme...

La Havane, jugez par vous même!





Le capitole




Santiago de Las Vegas

Ale


Deux jours après ma soirée de folie à la Casa de la Musica et alors que la saison des pluies battait son comble, Maiko me dit un matin :


- Aujourd'hui nous allons à Santiago.


Devant mon regard ahuri il précisa :


- Santiago de Las Vegas, niña!


J'avais, bien entendu, cru qu'il voulait m'amener à l'autre bout de l'île, environ 900 km plus bas à Santiago de Cuba, alors que le-dit Santiago de L.V. se trouvait en réalité à une quinzaine de km de la Havane.


Nous arrivâmes donc sous des trombes d'eau et marchâmes dix bonnes minutes dans des rues où les maisons aux couleurs vives trépassaient derrière le rideau de pluie. Nous saluâmes un grand noir à moitié borgne qui vendait des sandwichs au coin d'une rue - et qui, selon Maiko, était gay - puis nous nous arrêtames sur le perron d'une maison où nous nous sechâmes les pieds sur un morceau de tissu déjà trempé.


Maiko étudia ici de 15 à 18 ans. Les deux années qui suivirent, il fut appelé au service militaire et il se trouva que son unité était basée sur les collines de Santiago. Voilà pourquoi il tissa des liens très forts avec les gens du coin, notemment avec Alejandro chez qui nous venions d'arriver.


Alejandro (dit Ale) a le même âge que Maiko, il vit seul avec sa mère et son beau-père dans une maison où il y a l'eau chaude et l'air conditionné : tout le reste de la famille mis à part la grand-mère voisine, vit aux Etats-Unis. Il y a également toutes sortes de sauces ou "dressing" dans le frigo et des traces de produits qui ne font pas vraiment partie du quotidien des cubains tels que des billes de chocolat, une boîte de beurre Président demi-sel (oui oui, le notre à NOUS! mais que je n'ai pas ouverte pour en vérifier le contenu), un pot de Nutella contenant du sucre, de la limonade en poudre... et j'allais oublier le plus important : Ale a un ORDINATEUR! Mais attention c'est pas la fête ; écran plat certes, tour dernier cri certes, mais pas de connexion internet, tu rêves gitAnne ;)


Et à quoi se consacre le petit Ale? A faire de la musique electro : un DJ en herbe... Moi, Anne Etienne, la gitAnne, il fallut que je tombe sur un DJ Electro ici à Cuba, et surtout que Maiko ne manque pas l'occasion de placer mine de rien que je suis violoniste (même si je lui ai répété mille fois que mes dix ans de conservatoire sont loin derrière).

Ben vous savez quoi? J'ai passé au moins trois heures derrière l'ordi à composer ma première chanson electro : "El viajero", DJ Ale Krisk ft. la gitAnne!!! Et j'ai kiffé! Bon, faut un temps d'adaptation hein, parce que moi qui suis habituée à titiller les cordes de mon violon au gré de mes émotions, il a fallut que j'apprenne à dompter les petites cases, les flêches, le clavier de piano vertical et que j'oublie portée, clé de sol et harmonies... Mais ce fut une chouette expérience et ce n'est pas fini car le projet est de terminer cette chanson avant que je rentre en France et de le présenter en octobre avec deux autres titres à un concours de musique electro de la Havane : il a de l'ambition le p'tit! Et moi ça me plait :)


Après cela nous nous sommes faits beaux, enfin pardon : les mecs se sont fait beaux... Des vraies gonzesses je vous jure, voire pire : et vas-y que je change trois fois de haut, autant de pantalons, deux fois de ceinture, et que je me mette de la crème, du gel, que je me regarde de face, de derrière et de travers, et que je rechange de chaussures, et que... j'ai cru qu'on allait jamais sortir!

Sérieusement je crois que ça vaut le coup de s'arrêter là-dessus : Maiko et Ale ne sont pas des exceptions, moi j'hallucine ici, la mode pour les garçons c'est corps entièrement rasé, muscu et coquetterie! Je conçois que cela soit agréable dans un sens mais croyez-moi, ça frise souvent le ridicule, à tel point que j'ai l'impression que la moitié des cubains sont PD!!! Inutile de préciser que je n'ai absolument rien contre les homos, mais de mon point de vue ; un mec à la peau lisse et luisante, aux muscles un temps soit peu saillants, qui porte un t-shirt col V plongeant, rose et moulant, des boucles d'oreilles strass aux deux oreilles, un short en jean saillant et des tennis en toile bleu ciel, n'est pas ce que je qualifierais des plus virils! Je décris là un ami des deux gars que nous avons croisé dans la rue et qui est à peine plus exagéré qu'une majorité de "fashion-victim" Havanais...

Enfin, nous sommes allés dans une boîte entre Santiago et La Havane : le Golfero je crois... Et là ce fut un défilé de (mauvaise) mode, hommes et femmes confondus! Quant à la musique : mi-reaggaeton, mi-house avec une salsa ou une bachata se battant en duel de temps à autre. Autant dire que c'était pas gagné mais, rhum aidant, je me suis bien amusé quand même :)


Nous avons dormi sur place et le lendemain matin nous sommes allés au "Rincon" ; un lieu de pélerinage pour de nombreux cubains car on y vénère l'image de San Lazaro (Babalu Aye en Yoruba* par syncrétisme). Alors là ne m'en demandez pas trop parce que dès qu'il s'agit de religion je suis un peu paumée, surtout si on me mélange catholicisme et Yoruba, mais ce que j'ai retenu c'est que San Lazaro est quelqu'un de très bon qui cure principalement les maladies mais aussi plein d'autres choses, et que les gens font souvent le pélerinage à pied depuis la Havane, certains enchaînés, d'autres portant d'énormes pierres, bref, il parait que c'est la folie!

Moi ce qui m'a le plus frappée c'était ce jeune de vingt ans à peine, crâne rasé, vêtu tout de blanc depuis les chaussures jusqu'au chapeau en passant par le parapluie (ou ombrelle vu la chaleur) et couvert de colliers de perles de toutes les couleurs : il venait de se "faire Saint" Yoruba, et il était manifestement fils de Chango* puisque ses bracelets étaient noirs et rouges...


A part ça, c'est juste une église pas spécialement belle en plus, alors le chapitre "bondieuseries" s'arrêtera là, ainsi que celui de Santiago de Las Vegas!

*je présente le vocabulaire de base se rapportant à la religion afro-cubaine (Yoruba) à la page 10 de mon Carnet de voyage imaginaire à Cuba, consultable ici www.gitanne.com




Un chien chinois sans poils horrible!

Des avocats sur l'arbre!!


San Lazaro




Charanga Habanera à la Casa de la musica

Bien que le processus de sevrage aux moyens de communication modernes tels que teléphone fixe/portable et internet soit à peu près efficace dans le sens où les crises de manque sont de plus en plus espacées, un nouveau problème s'érige droit devant moi!
Comment résumer dix jours sans passer dix heures devant l'ordi et sans perdre votre attention au bout de dix lignes?!

Commençons par le début : la semaine dernière, pour me connecter, je suis sortie avec la voisine - Teresita - qui est Cubaine mais qui vit entre l'Italie et Cuba car elle a un mari là-bas et un fils ici. C'était la première fois que je sortais sans être accompagnée de Martica, Maiko ou une des deux nièces... Du coup, à la sortie du "business web center" de l'hôtel Havana Libre où nous avons jouit (oui, c'est le mot) d'une heure de connexion, j'en ai profité pour... m'échapper : SEULE! Pauvre Martica, elle était terrorisée à l'idée que je m'aventure dans la Havane sans garde rapprochée et dès qu'elle a eu le dos tourné j'ai filé, mais après une semaine je n'en pouvais plus, il me fallait de l'air ; goûter à l'indépendance, la liberté, le hasard, les folies et peut-être les ennuis du voyage! Alors je suis partie avec 20 CUC en poche et sans mon guide du routard donc sans plan, j'ai descendu la grande avenue jusqu'au Malecon (le muret qui borde la mer), puis j'ai longé ce dernier sur environ deux kilomètres jusqu'à la Habana Vieja. Là j'ai tourné à droite sur la ballade Jose Marti et me suis enfoncée dans le centre historique sans trop savoir où j'allais. Je me suis arrêtée dans un espèce de squat d'artistes peintres, j'y ai versé une larme - émue par la force des tableaux et une chanson en français de Dobra Caracole - puis j'ai esquivé gentiment l'offre d'un des peintres de m'accompagner jusqu'à l'endroit où je devais prendre un "carro" (vieilles voitures américaines) qui me ramènerait à la maison, prétextant des achats rue Obispo.

Bien sûr je me suis perdue, confondant un parc avec un autre, faisant deux fois le tour du capitole... et c'est en arrivant enfin à l'angle de cette fameuse rue que je suis tombée sur Maikel : un trigueño (un noir pas trop foncé mais pas métisse non plus... sachez qu'ici il y a plus d'une quinzaine d'adjectifs pour décrire la couleur de peau et le style "racial" des gens!) habillé plutôt occidental et qui me demanda en anglais de le prendre en photo...
Ensuite me demanda si j'étais israélienne, je lui répondis que malgré mon nez protubérant j'étais française, il ajouta qu'il était suisse, descendant de nigériens et qu'il était ici en vacances, je lui annonçai que je vivais dans le quartier de Luyano et sorti sa carte d'identité CUBAINE pour me prouver que lui aussi... ... ... Alors là je lui ai demandé s'il se foutait pas un peu de ma gueule : suisse, nigérien, cubain ou juste gros mytho?!
C'est alors que nous nous sommes enfin mis à parler espagnol et que nous avons partagé un café pour élucider le mystère!

Maikel a 32 ans, a quitté Cuba pour la Suisse à l'âge de 13 ans car il était premier prix de conservatoire en danse et percussions afro-cubaines, a une petite fille de 12 ans et est Babalao (l'équivalent d'un prêtre dans la religion Yoruba* pour faire simple) d'où son attachement à ses racines nigériennes...
Bref!
Il était aux environs de 17h et vingt minutes plus tard il m'annonçait qu'il y avait un concert de la Charanga Habanera à la Casa de la Musica, pour les non salsa-addict : groupe et lieu MY-THIQUES! Il m'invita à l'accompagner et... je fis la première folie du voyage : accompagner un type que je connaissais depuis dix minutes, qui m'avait tenu un discours un peu confus, à un concert dans une grande salle où il y aurait plein de monde. Inutile d'ajouter que je portais un short à franges issu d'un jean coupé avec mon t-shirt orange de la gitAnne noué au dessus du nombril et mes tongs en toile toutes nazes d'H&M, et que Martica allait faire un infactus!
Mais bon, la CHARANGA HABANERA (groupe dont la musique a rythmé sept mois de vie à Séville), à LA CASA DE LA MUSICA (salle de concert dont la réputation dépasse les Caraïbes et l'Atlantique), à LA HAVANE dans la présente capitale de l'île de CUBA : je ne pouvais juste pas décemment refuser :)

Et tout c'est passé comme dans un rêve... J'ai été arrosée de rhum 7 ans d'âge, j'ai dansé la salsa pendant plus d'une heure avant que le concert ne ncommence et alors que la fosse était encore praticable, puis la Charanga est arrivée, ils ont chanté ma chanson préférée "Cuenta me", et enfin, Maikel m'a raccompagnée jusqu'à la porte de chez moi comme il l'avait promis à Martica sur les coups d'une heure du matin!


*je présente le vocabulaire de base se rapportant à la religion afro-cubaine (Yoruba) à la page 10 de mon Carnet de voyage imaginaire à Cuba, consultable ici www.git
anne.com

Maikel

mardi 5 juillet 2011

Ma vie Cubaine


Cela fait presque 3h que j'écris et je n'ai toujours pas parlé de musique, de plage ou de fiesta...! Mais je gardais le meilleur pour la fin ;) Sauf que je commence à en avoir assez de bosser :p

Autant vous prévenir, j'ai fait très peu de tourisme! Je ne suis pas entrée dans un seul musée, j'ai fait rapidement le tour de la Habana Vieja et du Vedado histoire de dire que j'ai vu la rue Obispo, le Capitole, le (fameux) malecon (le muret qui protège la ville des vagues car en centre ville pas de plage mais une petite côte rocailleuse), le Copelia (un mini parc où on mange exclusivement des glâces), le Ministère du sucre (non ce n'est pas le nom d'une discothèque comme j'ai naïvement demandé à Martica mais bien un bâtiment administratif dédié au sucre!) et deux ou trois hôtels réputés...

Par contre j'ai vécu à la cubaine ; accompagnée de Maiko, Giselle , Jeneil, et/ou Martica, je suis sortie plusieurs fois dans des endroits où il n'y avait pas un seul Yuma (étranger=moi!) comme "el Parque de la Policia" dont je parlais plus tôt, comme la plage de Marazul à une quinzaine de km de là, où nous avons passé la journée entière de samedi avec une bonne partie de la famille et des voisins, comme la discothèque de Guanabo (vers la mer également) où j'ai vu le chanteur de reggaeton El Micha en live : DE LA PURE FOLIE, avant d'aller passer la nuit sur la plage...

Tout ça, tout ça! J'ai bien cramé, j'ai bu pas mal de bières et de rhum (les mojitos sont pour les touristes et un verre de rhum sec vaut moins chers qu'une canette de bière), j'ai dansé caisno (salsa) mais surtout reggaeton, je suis montée dans les sacro-saintes voitures américaines, je suis montée sur la terrasse voir le coucher de soleil, j'ai épié la mamie en train de jouer aux cartes sur sa chaise à bascule, j'ai discuté avec Marta sur le perron de la maison... et j'ai à peine réfléchi à la suite de mes aventures!

Aujourd'hui je devrais rencontré le mec qui va m'envoyer chez son oncle dans la ferme de tabac vers Pinar del Rio. Ce serait bien que je parte d'ici une semaine... Aujourd'hui je voudrais également réaliser la mission impossible : me connecter à internet et publier tout ça!

Ce week-end, un ami de Maiko nous a invité dans son village natale, à 1h30 de route environ d'ici.

J'ai le vent en poupe!

Vous me manquez, je pense souvent à mes amis salseros mais aussi à tous les autres, et la famille, cela va de soi.

Quand sera la prochaine connexion? Je n'en ai aucune idée! Mais RDV tous les mardi en direct de Radio Latina à 15h30 : à écouter soit sur 99FM soit sur www.latina.fr, et bientôt sur le Mouv aussi j'espère :)

Bisous, bisous, bisous, bisous, bisous, BISOUS!


La vous appercevez un guitariste, sachez qu'il y a des groupes entiers qui se baladent sur la plage ; contrebasse comprise ;)


Communications


Bonjour le monde, moi c'est Anne, Anita, la gitAnne, comme vous voudrez, de toutes façons tout le monde a du m'oublier puisque depuis plus d'une semaine je suis COMPLETEMENT ISOLEE ; DE-CON-NEC-TEE!!

Haha, bon OK j'en rajoute un peu mais sérieusement, même si j'ai passé 2 semaines dans la steppe Mongole sans eau courante, ni téléphone, ni internet au moins là-bas je savais pourquoi puisque c'était le trou du cul du monde... Mais ici bordel, on est à la Havane, la capitale!

Ben oui, mais dans ce pays tout le monde n'a pas de téléphone fixe déjà (il n'y en a pas à la maison par exemple), et quant au téléphone portable c'est au petit bonheur la chance. Par ailleurs les communications téléphoniques - même locales - sont très chers. Donc en ce qui concerne internet, vous vous doutez bien que si la moitié des foyers n'a pas de ligne téléphonique, il n'est certainement pas question de parler du web! Et puis de toutes façons c'est interdit, seuls quelques privilégiés on droit d'avoir une connexion chez eux, l'équivalent de 1 ou 2% de la population... Donc apparemment pour se connecter il faut aller dans les hotels où on a droit à une heure de connexion pour la très modique somme de 10 CUC!!!!

Quel éclair de génie ai-je eu le jour où je me suis achetée ce petit netbook qui me permet de tout bien préparer à la maison... ainsi je n'aurai plus qu'à faire quelques copier-coller et en un petit quart d'heure le tour sera joué :)

Je rigole, je rigole, mais c'est quand même un peu dur... Quand je voyage d'habitude, je me connecte en moyenne 2h tous les 3 jours minimum et garde ainsi le contact avec les miens : des petites bouffées d'amour, d'amitié et de potins qui me rappellent qui je suis, d'où je viens et surtout que je ne suis pas seule car même si je suis souvent bien entourée quand je voyage, je suis toujours seule...


Libreta et marché noir


Comme j'en ai entendu parler de cette libreta... C'est un peu comme un mythe chez nous, un mystérieux papier venant d'une contrée lointaine. Et bien ça y est, j'en ai tenue une dans mes mains et on m'en a donné le mode d'emploi.

Il y a une libreta par famille et cela permet de recevoir, proportionnellement au nombre de personnes dans le foyer, les produits alimentaires et d'hygiène de base tels que : riz, grains, huile, sucre, café, viande, savon... serviettes hygiéniques (un paquet par mois et par femme jusqu'à 60 ans ou un truc dans le genre!!)... ou même cocotte minute... bref, tout un tas de truc mais qui restent néanmoins très primaires. Avec la libreta pas de chocolat, pas de sodas, pas de mayo, ketchup ou confiture, pas non plus d'olives, cornichons ou ce genres de petites douceurs en bocal, et puis pas de gel douche, shampoing, crème, maquillage etc...

Le côté positif de la libreta est que n'importe qui a droit à ces produits de base à des prix ridiculement bas voire presque nuls, mais d'un autre côté on ne vit pas vraiment décemment avec un sac de riz et une demie savonette par mois si vous voyez ce que je veux dire...

Alors le Cubain a inventé le marché noir, ou devrai-je plutôt dire : la Démerde (avec un D majuscule, oui!)

Je vous arrête tout de suite, pas de grande halle sans lumière où se réunissent tous les magouilleurs pour vendre leur précieuses trouvailles, pas non plus de souk grouillant de monde caché dans les profondeurs de la vieille ville comme je le pensais plus ou moins en arrivant ici! Lé marché noir n'est pas un endroit précis, le marché noir c'est la rue. Ici, tout le monde sans exception a son petit business. Combien de voisines ai-je vu passer disant à Martica : "hè, j'ai des supers tongs, tu devrais les essayer je suis sure qu'elle t'iraient parfaitement, ça te dit?", l'autre soir la voisine d'en face à même réussi à lui vendre un stétoscope et un appareil pour prendre la tension! Et puis quand on se balade un peu, on voit des bonne femmes assises dans leur patios autour d'une table remplie de boucles d'oreilles, pinces pour les cheveux et autres apparâts. Et puis il y a les multicompétences comme la dame qui m'a posé les ongles en sillicone et qui est... médecin anesthésiste!!!!

Alors là, pour comprendre je suis bien consciente qu'il faut que je donne quelques précisions : à Cuba il y a deux monnaies, le CUC et le peso cubain. Le premier est censé être celui des touristes, celui qu'on recoit quand on change des euros sachant que 1€ = 1,5 CUC et que 1 CUC = 24 pesos cubains. Le salaire moyen des cubains se situe entre 300 et 400 pesos cubains, c'est-à-dire environ 20 CUC ou une quinzaine d'euros. Sachant que tout ce qui s'achète au black se paye en CUC et que par exemple, une boite de céréales vaut 5 CUC, une bière 1 CUC, ou une paire de tongs 15 CUC... vous commencez à piger le malaise??

Donc si ma manicure prend 7 CUC pour me faire des mains de fée, en gros c'est la moitié de son salaire de médecin anesthésiste...

NO COMMENT!

Pour la petite anecdote, je suis venue (comme à mon habitude) avec ma petite trousse de macramé et de perles pour dans l'idée d'offrir une petite paire de boucles d'oreilles ou un bracelet à chaque bonne âme qui croiserait mon chemin et quand j'ai montré ça à Marta en lui disant que je savais aussi faire les tresses dans les cheveux, elle s'est empressée de m'en demander une... Puis les deux nièces y sont passées et même Maiko! Mais l'histoire ne s'arrête pas là : jeudi dernier nous sommes sortis faire la fête au "Parque de la policia", nous y avons croisé les amies de Jeneil qui lui ont toutes sauté dessus en lui demandant où est-ce qu'elle avait eu cette jolie tresse pleine de couleur... Jeinel me pointant du doigt, et ses amies de lui demander : "elle habite où, c'est combien?"

Quand je pense que ça fait des années que je lutte pour essaye de vendre mon artisanat en Europe alors qu'ici en trois jours j'ai déjà une clientèle qui se bouscule sur le perron!!

Voilà, bienvenue à Cuba...

Allez, je suis sympa, pour la route je vous copie quelques unes des milliers de phrasent qui fleurissent sur les murs de la Havane :

"La révolution c'est construire"

"Le socialisme c'est la science de créer"

"Pour être récompensé il faut être utile"

"La révolution c'est ne jamais mentir ni violer les principes éthiques"






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