mardi 5 juillet 2011

Libreta et marché noir


Comme j'en ai entendu parler de cette libreta... C'est un peu comme un mythe chez nous, un mystérieux papier venant d'une contrée lointaine. Et bien ça y est, j'en ai tenue une dans mes mains et on m'en a donné le mode d'emploi.

Il y a une libreta par famille et cela permet de recevoir, proportionnellement au nombre de personnes dans le foyer, les produits alimentaires et d'hygiène de base tels que : riz, grains, huile, sucre, café, viande, savon... serviettes hygiéniques (un paquet par mois et par femme jusqu'à 60 ans ou un truc dans le genre!!)... ou même cocotte minute... bref, tout un tas de truc mais qui restent néanmoins très primaires. Avec la libreta pas de chocolat, pas de sodas, pas de mayo, ketchup ou confiture, pas non plus d'olives, cornichons ou ce genres de petites douceurs en bocal, et puis pas de gel douche, shampoing, crème, maquillage etc...

Le côté positif de la libreta est que n'importe qui a droit à ces produits de base à des prix ridiculement bas voire presque nuls, mais d'un autre côté on ne vit pas vraiment décemment avec un sac de riz et une demie savonette par mois si vous voyez ce que je veux dire...

Alors le Cubain a inventé le marché noir, ou devrai-je plutôt dire : la Démerde (avec un D majuscule, oui!)

Je vous arrête tout de suite, pas de grande halle sans lumière où se réunissent tous les magouilleurs pour vendre leur précieuses trouvailles, pas non plus de souk grouillant de monde caché dans les profondeurs de la vieille ville comme je le pensais plus ou moins en arrivant ici! Lé marché noir n'est pas un endroit précis, le marché noir c'est la rue. Ici, tout le monde sans exception a son petit business. Combien de voisines ai-je vu passer disant à Martica : "hè, j'ai des supers tongs, tu devrais les essayer je suis sure qu'elle t'iraient parfaitement, ça te dit?", l'autre soir la voisine d'en face à même réussi à lui vendre un stétoscope et un appareil pour prendre la tension! Et puis quand on se balade un peu, on voit des bonne femmes assises dans leur patios autour d'une table remplie de boucles d'oreilles, pinces pour les cheveux et autres apparâts. Et puis il y a les multicompétences comme la dame qui m'a posé les ongles en sillicone et qui est... médecin anesthésiste!!!!

Alors là, pour comprendre je suis bien consciente qu'il faut que je donne quelques précisions : à Cuba il y a deux monnaies, le CUC et le peso cubain. Le premier est censé être celui des touristes, celui qu'on recoit quand on change des euros sachant que 1€ = 1,5 CUC et que 1 CUC = 24 pesos cubains. Le salaire moyen des cubains se situe entre 300 et 400 pesos cubains, c'est-à-dire environ 20 CUC ou une quinzaine d'euros. Sachant que tout ce qui s'achète au black se paye en CUC et que par exemple, une boite de céréales vaut 5 CUC, une bière 1 CUC, ou une paire de tongs 15 CUC... vous commencez à piger le malaise??

Donc si ma manicure prend 7 CUC pour me faire des mains de fée, en gros c'est la moitié de son salaire de médecin anesthésiste...

NO COMMENT!

Pour la petite anecdote, je suis venue (comme à mon habitude) avec ma petite trousse de macramé et de perles pour dans l'idée d'offrir une petite paire de boucles d'oreilles ou un bracelet à chaque bonne âme qui croiserait mon chemin et quand j'ai montré ça à Marta en lui disant que je savais aussi faire les tresses dans les cheveux, elle s'est empressée de m'en demander une... Puis les deux nièces y sont passées et même Maiko! Mais l'histoire ne s'arrête pas là : jeudi dernier nous sommes sortis faire la fête au "Parque de la policia", nous y avons croisé les amies de Jeneil qui lui ont toutes sauté dessus en lui demandant où est-ce qu'elle avait eu cette jolie tresse pleine de couleur... Jeinel me pointant du doigt, et ses amies de lui demander : "elle habite où, c'est combien?"

Quand je pense que ça fait des années que je lutte pour essaye de vendre mon artisanat en Europe alors qu'ici en trois jours j'ai déjà une clientèle qui se bouscule sur le perron!!

Voilà, bienvenue à Cuba...

Allez, je suis sympa, pour la route je vous copie quelques unes des milliers de phrasent qui fleurissent sur les murs de la Havane :

"La révolution c'est construire"

"Le socialisme c'est la science de créer"

"Pour être récompensé il faut être utile"

"La révolution c'est ne jamais mentir ni violer les principes éthiques"






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