lundi 25 octobre 2010

Ces gens là et...

"D’abord, d’abord, y a l’aîné
Lui qui est comme un melon
Lui qui a un gros nez
Lui qui sait plus son nom
Monsieur tellement qu'y boit
Tellement qu'il a bu
Qui fait rien de ses dix doigts
Mais lui qui n'en peut plus
Lui qui est complètement cuit
Et qui s'prend pour le roi
Qui se saoule toutes les nuits
Avec du mauvais vin
Mais qu'on retrouve matin
Dans l'église qui roupille
Raide comme une saillie
Blanc comme un cierge de Pâques
Et puis qui balbutie
Et qui a l'œil qui divague
Faut vous dire, Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne pense pas, Monsieur
On ne pense pas, on prie

Et puis, y a l'autre
Des carottes dans les cheveux
Qu'a jamais vu un peigne
Qu'est méchant comme une teigne
Même qu'il donnerait sa chemise
A des pauvres gens heureux
Qui a marié la Denise
Une fille de la ville
Enfin d'une autre ville
Et que c'est pas fini
Qui fait ses p'tites affaires
Avec son p'tit chapeau
Avec son p'tit manteau
Avec sa p'tite auto
Qu'aimerait bien avoir l'air
Mais qui a pas l'air du tout
Faut pas jouer les riches
Quand on n'a pas le sou
Faut vous dire, Monsieur
Que chez ces gens-là
On n'vit pas, Monsieur
On n'vit pas, on triche

Et puis, il y a les autres
La mère qui ne dit rien
Ou bien n'importe quoi
Et du soir au matin
Sous sa belle gueule d'apôtre
Et dans son cadre en bois
Y a la moustache du père
Qui est mort d'une glissade
Et qui r'garde son troupeau
Bouffer la soupe froide
Et ça fait des grands flchss
Et ça fait des grands flchss
Et puis y a la toute vieille
Qu'en finit pas d'vibrer
Et qu'on attend qu'elle crève
Vu qu'c'est elle qu'a l'oseille
Et qu'on n'écoute même pas
C'que ses pauvres mains racontent
Faut vous dire, Monsieur
Que chez ces gens-là
On n'cause pas, Monsieur
On n'cause pas, on compte

Et puis et puis (...)



J'ai dormi trois heures cette nuit et je tairai les raisons de cette insomnie.

Levée à l'aube j'ai couru retrouver mon petit chou à la crème sous la rosée matinale qui commence à virer au givre en ce frai matin d'automne. Kamil, boucles brunes huit ans d'âge, doit son colibet à son dessert préféré maintes fois suggéré : la religieuse au chocolat, loin d'être un saint pourtant...

Bref, la mine pâle, le crin rebelle, le regard vitreux, je me suis collée un masque bonne mine imaginaire en me pinçant les pommettes pour le rosissage, me suis armée d'un sourire bien trop large pour n'être que le simple fruit du rayon de soleil qui me réchauffait les tempes, et j'ai traîné mon adorable rejeton au Franprix du coin pour en revenir chargée d'un litre de lait, de quatre oeufs et d'un pot de nutella.

- Vous avez de la pâte? Vous avez du suc?
Ben avec la pâte vous faites des crèp' et pis...

Bon OK, je sais, vous savez!
Sauf que nous, NOUS, on a fait des crèpes en forme d'étoile, de coeur, de lapin, de bonhomme, et on a mis du sirop d'érable bio dessus! Aha, on fait moins les malins! :D

Ensuite, bien repus, la peau du ventre bien tendue, l'esquisse d'un assoupissement amorcé, je me suis reflanquée le charmant mioche aux miches, direction l'UGC Bastille où nous sommes allés trembler devant le grand gros moche et méchant Gru et son irrésistible armée de MINIONS, oui - IONS :)
Je me suis étranglée de rire comme une marmotte (amis intimes, loin de moi l'idée d'utiliser ce mot à propos, je pensais au féminin de marmot et non à la p'tite bête qui fait dodo!) pendant quatre-vingt-dix-sept minutes exactement, gorge déployée et tout et tout, à me cacher dans la capuche du sweat piqué à mon minion à moi et à lancer des regards complices à ce dernier :D

De nouveau sur les pavés, l'hilarité a perduré ; on a joué à cache cache derrière les piliers de l'opéra, usant de ruses pour ne pas être découverts, piaillant comme des poussins sans grain dès qu'au détour d'un gros poteau on se retrouvait nez à nez! Je vous passe les "pouet pouet allouette", "pouet pouet cacahuète", "pout pouet mignonette" ... ... ... "pouet pouet ... quéquette" qu'il m'a finalement sorti le coquin! Ben oui fallait s'y attendre ma grande.
Et tout et tout!
Que c'est bon d'avoir huit ans parfois...

Et puis il y a Joséphine, vous ai-je présenté Joséphine? Non, à mon grand dam!
Joséphine c'est la gardienne de l'immeuble, une grosse mamie toute ronde de seins, de hanches et de joues, aux grands yeux bleus, au cheveux blancs-blonds et à l'accent Polonais. Joséphine parfois elle fait peur, c'est un peu la matrone de l'immeuble, et si on oublie de bien fermer la grille intérieure elle fait les gros yeux! Mais Joséphine hier, elle m'a fait fondre...
Après cette dure journée de labeur et toujours trois heures de sommeil sur trente-six, je m'en allais sur la pointe des pieds laissant mon protégé aux bras de Morphée et alors que je m'appliquais à bien refermer la grande porte de bois vert bouteille, j'entends une voix sortie de la pénombre qui me dit :
- Non non c'est bon, pas besoin de felmer!

Je me retourne d'un bond et aperçois la rebondissante silhouette de Madame Joséphine dont le sourire brille sous le réverbère.

- C'était tlès bon les clèpes! Vous êtes adolables les petits!

- Oh merci Joséphine :) Ben ça nous fait plaisir!

- Bon faudla lui dile de les cuile un peu plous mais vlaiment vous êtes gentils!

- Oui je sais, mais je crois que quelques chose n'allait pas dans ma pâte, je ne sais pas, peut-être la farine, elle était un peu bizarre je crois...

- Mais tou mets de l'eau dans ta pâte?

- Ben non, que du lait! Et puis là on avait mis un peu de fleur d'oranger!

- Aaaaaah ben voilà, i faut mettle dé l'eau ; moitié eau, moitié lait! Et pouis aussi une couillèle à café d'houile!

- Ah bah oui! Je savais bien qu'il fallait mettre de l'huile, ça m'est sorti de la tête!! Bon ben la prochaine fois j'y penserai comme ça, et puis j'essayerai avec l'eau aussi...

- Oui, tou vas voile, jé vous en felai aussi.
Dis, tou rentle ou ma chéli?

- Clamart.

-Clamal? Ooooooh ben dis donc, ma pauv chéli, et elle t'a pas ploposé de dolmil là poul cette nouit? ah mais y'a peut-êtle son copain... I sont genti hein, c'est vlaiment des gens bien ces gens là...

Oui, des gens bien, comme vous Joséphine, comme vous qui m'avez réchauffé mon p'tit coeur par vos paroles chaleureuse sur un bout de trottoir sous la nuit noire de la capitale, par une froide nuit de fin octobre alors que j'allais rentrer telle une zombie de l'autre côté de la ville, errant sur les quais de gare en grève, seule fatiguée et frigorifiée!


(...) "Et puis et puis
Et puis il y a Frida
Qui est belle comme un soleil
Et qui m'aime pareil
Que moi j'aime Frida
Même qu'on se dit souvent
Qu'on aura une maison
Avec des tas de fenêtres
Avec presque pas de murs
Et qu'on vivra dedans
Et qu'il fera bon y être
Et que si c'est pas sûr
C'est quand même peut-être
Parce que les autres veulent pas
Parce que les autres veulent pas
Les autres ils disent comme ça
Qu'elle est trop belle pour moi
Que je suis tout juste bon
A égorger les chats
J'ai jamais tué de chats
Ou alors y a longtemps
Ou bien j'ai oublié
Ou ils sentaient pas bon
Enfin ils ne veulent pas
Parfois quand on se voit
Semblant que c'est pas exprès
Avec ses yeux mouillants
Elle dit qu'elle partira
Elle dit qu'elle me suivra
Alors pour un instant
Pour un instant seulement
Alors moi je la crois, Monsieur
Pour un instant
Pour un instant seulement
Parce que chez ces gens-là
Monsieur, on ne s'en va pas
On ne s'en va pas, Monsieur
On ne s'en va pas
Mais il est tard, Monsieur
Il faut que je rentre chez moi."


GRAND Jacques!


Aaaaaaaaarrrrrrggggggggghhhhhh!!!!!!!!!!!!!!
Mon dieu ce que ça fait du bien de cracher les mots sans brouillon, sans relecture, sans recherche du mot juste, sans bataille de la virgule, LIBERATION! :D

1 commentaire:

mo' a dit…

c'est excellent et bine meilleur que tes clêpes qui ne manquent pas de m'inquiéter. Et ... t'as mangé çà ?

Gros gros baiser fillette !
mo'

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