lundi 8 août 2011

Bienvenue...

Haïle Selassie




Oh j'ai pleuré, comme j'ai pleuré... Jamais je n'avais autant pleuré en atterrissant dans un pays : la Jamaïqe, j'étais en JA-MA-IQUE! Ce furent des larmes d'émotion bien sûr, parmi les plus belle ; l'émotion de fouler le sol d'un pays nouveau, d'un pays dont on a rêvé pendant des années, une destination si lointaine, si inaccessible. J'ai pleuré de solitude aussi... mais je n'étais pas triste d'être seule, j'étais triste d'être seule à vivre cela, triste de ne pouvoir partager avec personne, jamais, cette émotion.

Je suis là car, restant plus de deux mois en territoire Cubain, il me fallait sortir de l'île pour renouveler le visa. J'avais initialement prévu d'aller visiter une amie en Haïti, amie que je n'ai pas revu depuis que nous nous sommes quittées au Chili il y a bientôt trois ans, mais je ne trouvais pas de vol ni de bateau reliant les deux îles, de plus elle m'annonça qu'elle serait en République Dominicaine au moment où je pensais venir alors j'abandonnais...

Puis il y eu ce cours de danse en plein mois de mai où je faillis faire un malaise d'hypo-glycémie et de chaleur, cette boulangerie fermée, cette pizzeria libanaise où j'entrais à deux doigts de m'éffondrer, cet euro qui me manquait pour acheter une portion de pattes... et ce mec, tout seul au fond du restaurant, avec des dreads sous son bonnet, qui me proposa en anglais de payer cet euro manquant et de m'offrir en plus un coca.
Il était Jamaïquain par son père et de Sainte-Lucie par sa mère.
Je savais que la Jamaïque n'était pas loins de Cuba, j'y avais bien sûr pensé, mais m'arrêtant stupidement aux "on dit" j'avais hâtivement conclu qu'il était trop dangeureux pour une fille seule de s'aventurer là-bas et n'avais pas envisagé une seule seconde cette option sérieusement.
Puis j'ai revu ce gars, j'ai connu ses amis Jamaiquains de Paris, me suis rendue compte qu'ils étaient calmes et spirituels - rien à voir avec le vilain gangsta que je m'étais imaginée - j'ai trouvé ce vol incroyablement peu cher et surtout, je suis entrée en contact avec Janeen qui pouvait m'héberger à mon arrivée à Kingston et Sammy qui pouvait m'accueillir dans - selon ses dires - "une communauté absolument pas toursitique où elle est la seule blanche en pleine campagne Jamaïcaine" ... et j'ai tenté de ne pas me précipiter ... mais j'étais surexcitée : la vie est quand même dingue, tout semblait s'accorder pour m'indiquer que je DEVAIS acheter ce putain de billet d'avion et partir en Jamaïque ... Comment tant de hasard était-il possible?
Je n'ai toujours pas répondu à cette question mais j'ai acheté mon billet. Dix jours avant de partir à Cuba. Je n'y croyais absolument pas et c'était pourtant bien écrit sur mon billet : j'allais passer deux semaines en Jamaïque, pays de Bob Marley, du reggae, du vert-jaune-rouge... C'était un mythe, et cela allait devenir réalité!

Et je venais juste d'arriver, j'y étais, moi, la gitAnne, à Kingston. Rien que de prononcer ce nom dans ma tête et le laisser raisonner me faisait chialer.
Kingston, Jamaica.
J'avais l'impression d'être dans une chanson de raggae!

Dès l'aéroport les gens étaient cools, mais cools pour de vrai pas pour le style. Le mec de l'immigration puis celui de la douane me dirent bonjour en me regardant dans les yeux, me demandèrent si j'étais "all right" en écoutant attentivement la réponse, me souhaitairent la bienvenue en Jamaïque en articulant bien et sans cesser de me fixer, puis me dirent "have a good day". Et je me suis effectivement sentie la bienvenue! Ce n'était pas une simple formule de politesse, cela avait un sens : mademoiselle, vous êtes la BIEN VENUE en Jamaïque.

Merci :)


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